Presque disparue depuis 2020 à cause de la cochenille, la culture du cactus connaît aujourd’hui un véritable renouveau dans la province d’Al Hoceïma, grâce à un ambitieux programme d’agriculture solidaire lancé par le ministère de l’Agriculture. Cette relance s’inscrit dans la stratégie nationale « Génération Green », qui mise sur des variétés résistantes, un soutien ciblé aux petits exploitants, et un accompagnement technique renforcé.
Un retour progressif et structuré de la culture du cactus
Portée par une volonté de redynamiser une culture à forte valeur symbolique et économique, l’initiative prévoit la plantation de 630 hectares de cactus résistants à la cochenille sur six communes rurales. Le programme, qui mobilise près de 6,93 millions de dirhams sur les années 2024 et 2025, bénéficiera directement à 1 185 agriculteurs.
Parmi les communes concernées figurent Bni Gmil, Bni Gmil Maksouline, Bni Boufrah, Senada, Rouadi, Izemmouren et Ait Kamra, où les premières plantations témoignent déjà d’une forte adhésion locale.
« La Direction provinciale de l’Agriculture d’Al Hoceïma œuvre depuis 2020 à la mise en œuvre de projets intégrés, adaptés aux besoins spécifiques de chaque territoire », explique Najib Asserti, chef du service de réalisation des projets à la DPA.
« Ce projet de replantation du cactus s’inscrit dans cette dynamique et permet un véritable soutien aux petits exploitants », précise-t-il.
Une démarche inclusive au profit des femmes et des jeunes
Au-delà de la simple replantation, le programme met l’accent sur l’inclusion socio-économique des femmes rurales et des jeunes, à travers un encadrement technique soutenu et une volonté de structuration des coopératives agricoles.
Le ministère a ainsi mis en place, dans la commune de Senada, une plateforme démonstrative d’un hectare, regroupant sept variétés de cactus résistantes. Cet outil pédagogique permet aux agriculteurs de comparer les rendements et d’identifier les variétés les plus adaptées à leurs sols.
« Nous insistons sur l’accompagnement des organisations professionnelles afin de garantir une productivité durable et des revenus stables », ajoute M. Asserti.
« Tous les coûts de plantation et d’irrigation sont pris en charge par le ministère. »
Un suivi technique de proximité et une approche durable
Le bureau national du conseil agricole à Al Hoceïma, dirigé par Ali Boujaada, assure quant à lui un encadrement permanent des agriculteurs bénéficiaires. Sensibilisation aux maladies, identification des variétés, conseils en modernisation de la culture, mais aussi assistance à la commercialisation et à la gestion coopérative figurent parmi les actions mises en œuvre.
« Notre mission est d’assurer un accompagnement technique de terrain pour garantir la réussite du programme », souligne M. Boujaada.
« Cela passe par un suivi régulier, une valorisation de la production et une meilleure organisation de la chaîne de valeur. »
Une culture enracinée dans la mémoire agricole
Les agriculteurs interrogés confirment leur attachement profond à cette culture ancestrale, longtemps source d’alimentation et de revenus pour les familles rurales. Le retour du cactus suscite espoir et optimisme, porté par la qualité des nouvelles variétés introduites, leur adaptabilité aux conditions locales et leur croissance rapide.
Plusieurs d’entre eux expriment le souhait de voir la filière se structurer durablement, à l’image des expériences réussies dans le sud du Royaume, et ainsi contribuer à l’amélioration des conditions de vie des petits producteurs, des femmes et des jeunes.
