Présente au cœur du développement économique de la région, la CGEM Souss Massa travaille aux côtés des entreprises pour renforcer leur compétitivité, tout en soutenant l’innovation et l’inclusion économique. Dans cette interview, Ali El Hamzaoui, membre du Bureau de la CGEM Souss Massa, revient sur les initiatives clés mises en place pour accompagner la transformation industrielle de la région et favoriser un développement durable et inclusif.
Quels sont les enjeux principaux portés par la CGEM Souss-Massa pour le développement du tissu entrepreneurial dans la région ?
Le premier enjeu est le renforcement de la compétitivité territoriale, à travers l’amélioration du climat des affaires, mais aussi le renforcement de la connectivité, qui demeure un frein majeur à l’attractivité de notre région. Cela concerne aussi bien les infrastructures logistiques, les liaisons maritimes et ferroviaires, ainsi que l’accès aux services de soutien à l’investissement.
Le deuxième axe stratégique porte sur la structuration et l’accompagnement des écosystèmes entrepreneuriaux, en intégrant pleinement la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), un label promu par la CGEM et aujourd’hui au cœur des démarches de performance globale. Nous encourageons les entreprises à s’inscrire dans des chaînes de valeur régionales durables, en valorisant les ressources locales, en favorisant l’innovation, et en mutualisant les services pour renforcer la résilience des PME.
Enfin, la CGEM Souss-Massa place le développement inclusif au cœur de ses priorités, en soutenant l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, et en agissant pour une meilleure répartition des opportunités économiques à l’échelle territoriale. Ce positionnement s’inscrit dans la continuité des Hautes Orientations Royales pour un développement régional intégré, équitable et durable.
Comment accompagnez-vous les entreprises industrielles ou de services dans leur montée en compétence ou leur développement à l’export ?
La CGEM Souss-Massa agit comme un catalyseur de montée en compétence pour les entreprises régionales. Nous mettons en place, en partenariat avec les institutions régionales et nationales, des programmes de renforcement des capacités, à travers des séminaires, des ateliers pratiques et des workshops ciblés, en fonction des besoins exprimés par les entreprises industrielles et de services. Ces actions portent sur des thématiques clés telles que la gouvernance, la qualité, la transition numérique, la conformité réglementaire, ou encore l’optimisation des process.
Un levier concret et stratégique que nous avons activé récemment est la connectivité logistique vers les marchés africains, notamment à travers le lancement et la promotion de lignes maritimes directes entre le port d’Agadir et les ports d’Afrique de l’Ouest, facilitant ainsi l’accès aux marchés de la CEDEAO.
Enfin, nous facilitons la participation des entreprises aux foires, forums et missions économiques, tout en leur offrant des opportunités de visibilité, de réseautage et d’échange d’expériences.
Quelles sont les attentes des chefs d’entreprises vis-à-vis des politiques publiques régionales ?
En premier lieu, la simplification des démarches administratives reste une priorité majeure. Il est essentiel de fluidifier l’expérience des investisseurs et des opérateurs économiques à travers des procédures plus rapides, plus transparentes et davantage digitalisées.
Par ailleurs, il existe une demande forte d’amélioration des infrastructures économiques et logistiques, notamment en ce qui concerne l’aménagement de zones industrielles modernes, l’accès au foncier productif, la connectivité interrégionale, et la disponibilité des services de base dans les espaces dédiés à l’activité économique.
Les entreprises attendent également un accompagnement à l’investissement plus adapté aux réalités du tissu économique régional, avec des mécanismes de soutien ciblés, tenant compte de la taille, du secteur d’activité et du niveau de maturité des entreprises locales. Il s’agit de dispositifs plus accessibles, souples et alignés avec les spécificités de l’écosystème entrepreneurial de Souss-Massa.
Quelles dynamiques avez-vous observées ces dernières années dans des secteurs comme la transformation, la logistique ou les énergies ?
Depuis le lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI de la déclinaison régionale du Plan d’Accélération Industrielle (PAI), la région Souss-Massa est devenue la première région pilote à concrétiser cette vision, avec la mise en place de nouveaux écosystèmes industriels structurants. Cette dynamique a fortement contribué à renforcer l’attractivité du territoire, tout en attirant de nouveaux investisseurs autour de filières à fort potentiel.
Dans le secteur de la transformation, notamment agroalimentaire et halieutique, on observe une évolution vers des unités industrielles plus intégrées, tournées vers l’innovation, la qualité et la création de valeur ajoutée locale. Ces mutations renforcent la capacité de la région à se positionner comme un pôle industriel compétitif au niveau national et international.
En matière de logistique, plusieurs avancées majeures ont été enregistrées : l’inauguration du port sec d’Agadir Atlantic Hub, la commercialisation de zones logistiques modernes à Aït Melloul, ainsi que le lancement de lignes maritimes vers l’Afrique de l’Ouest qui renforcent la connectivité sud-sud. Par ailleurs, des discussions sont en cours avec les autorités portuaires de Cadix (Espagne) pour l’ouverture d’une ligne maritime entre Agadir et Cadix, une initiative qui renforcerait l’intégration économique de la région dans les chaînes logistiques euro-méditerranéennes.
Enfin, sur le plan énergétique, la région connaît une montée en puissance des projets de transition verte. De nombreuses industries intègrent aujourd’hui des solutions photovoltaïques pour réduire leur facture énergétique et leur empreinte carbone. En parallèle, la province de Tata devient un pôle d’attractivité pour des projets d’envergure en énergies renouvelables, notamment dans les domaines du solaire et de l’hydrogène vert, positionnant ainsi la région comme un acteur clé de la transition énergétique au Maroc.
Que peut apporter, selon vous, le Forum d’Agadir aux entreprises locales ? Et comment la CGEM compte-t-elle y contribuer ?
La CGEM Souss-Massa s’est engagée dès les premières réflexions sur l’organisation du Forum, en soutenant fortement cette initiative et en s’impliquant activement dans les travaux préparatoires aux côtés du collectif régional. Nous avons contribué à la mobilisation des parties prenantes économiques et à la coordination des entreprises membres. Notre engagement se poursuivra à travers l’animation des panels, l’organisation de rencontres B2B, et la valorisation des success stories industrielles locales.
Le Forum d’Agadir représente une plateforme stratégique pour les entreprises locales. Il offre un espace privilégié de rencontre, d’échange et de coopération avec des décideurs institutionnels, des investisseurs, et des industriels de haut niveau. C’est une opportunité de mettre en lumière le potentiel industriel de la région, de s’inspirer des meilleures pratiques, et de développer des synergies concrètes à l’échelle nationale et internationale.
Interview réalisée par Désiré Beiblo
