À l’occasion de la deuxième édition du Deep Tech Summit, Yassine Laghzaoui, Directeur Général d’UM6P Ventures, a livré une intervention marquante sur le potentiel révolutionnaire de l’intelligence artificielle et sur le rôle que peut jouer l’Afrique dans ce nouveau paradigme technologique mondial.
Devant plus de 7 000 participants, dont 55 % venus de l’étranger, et 180 intervenants internationaux, le ton est donné : le Deep Tech Summit n’est plus un simple événement technologique, mais un espace de réflexion stratégique sur l’avenir de l’innovation. Et selon Yassine Laghzaoui, l’intelligence artificielle est désormais au cœur de cette transformation, au croisement des sciences, de l’économie et des enjeux sociétaux.
Une rupture sans précédent
Revenant sur l’apparition des IA génératives fin 2022, Laghzaoui rappelle que, pour la première fois dans l’histoire, une machine a été capable de tenir une conversation convaincante avec un être humain. « C’est bien plus qu’un outil. L’IA commence à toucher à ce qui était jusqu’ici proprement humain : le raisonnement et l’interaction. C’est une révolution cognitive. »
Il cite l’exemple de l’outil AlphaFold, capable de prédire la structure de plus de 200 millions de protéines, et qui, dans sa dernière version, identifie également leurs interactions avec l’ADN, l’ARN et de petites molécules. « C’est une avancée qui bouleverse la recherche pharmaceutique et la santé mondiale. »
Redéfinir le progrès : une mission collective
Mais cette évolution technologique, aussi fascinante soit-elle, pose une question essentielle : qu’est-ce que le progrès ? Pour Laghzaoui, ce n’est pas simplement une amélioration de la productivité ou une croissance du PIB, mais une transformation positive des conditions humaines, dans une logique inclusive.
« L’IA ne définira pas à notre place ce qu’est le progrès. Ce sont nos valeurs, nos objectifs et nos ambitions qui le feront. » C’est dans cet esprit que le sommet a choisi comme thème central : Redéfinir notre progrès.
Une opportunité historique pour l’Afrique
Au-delà de la réflexion mondiale, l’enjeu est aussi continental. Pour Yassine Laghzaoui, l’Afrique a l’opportunité inédite de « défier la gravité de l’histoire ». Grâce à l’IA, le continent peut s’affranchir des retards accumulés, en capitalisant sur ses propres données, ses talents, et sa diaspora.
« L’intelligence artificielle peut devenir un moteur économique pour l’Afrique. Elle peut nous permettre d’innover à partir de nos réalités, et d’exporter nos solutions vers le monde entier. » Et ce changement est déjà en cours à l’Université Mohammed VI Polytechnique, qui incarne un véritable laboratoire d’innovation. À quelques pas des scènes du sommet, des centaines de startups africaines, européennes et américaines incubées à Stargate travaillent sur des solutions deep tech alimentées par l’IA.
De la recherche à l’impact concret
Loin d’un simple discours théorique, Laghzaoui met en avant le modèle original de l’UM6P, qui vise à transformer la recherche scientifique en projets entrepreneuriaux, du laboratoire vers le marché, et de l’Afrique vers le monde.
« Le vrai progrès, c’est quand une technologie de rupture permet de créer une entreprise, et que cette entreprise améliore réellement la qualité de vie d’un individu. » Le sommet devient ainsi un terrain d’éclosion : une idée partagée entre un investisseur et un entrepreneur peut devenir la prochaine grande solution technologique. Un étudiant inspiré peut choisir de faire carrière dans la Deep Tech.
planter les graines du futur
Yassine Laghzaoui souligne que toutes les réponses ne seront pas trouvées durant ces deux jours, mais que les graines du changement seront semées : collaboration, engagement, investissement et ambition collective.
« Si nous réussissons à inspirer ne serait-ce qu’un étudiant, à faire émerger une startup, ou à influencer une politique publique plus inclusive… alors nous aurons véritablement réussi. »
Rachid Mahmoudi