En clôture du Smart City Morocco RoadShow & Expo, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a livré un message fort : les villes intelligentes ne peuvent plus rester à l’état de concept. Pour répondre aux défis de la modernité urbaine, le Maroc doit désormais franchir un cap institutionnel.
« Les Smart Cities, c’est un sujet qui date d’il y a un peu plus d’une décennie aujourd’hui. Mais nous n’avons toujours pas installé le sujet à l’échelle institutionnelle », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « Je pense que nous avons aujourd’hui une maturité dans notre pays telle que ce sujet peut faire l’objet d’une approche plus systémique et plus institutionnelle. »
Repenser les prérogatives locales
Le ministre appelle à ouvrir un débat politique structurant autour des compétences des collectivités territoriales dans ce domaine. Jusqu’où doivent aller les attributions des communes et des régions ? Doivent-elles se limiter à la gestion des services de base — eau, électricité, déchets, transport public — ou doivent-elles intégrer les villes intelligentes comme un domaine stratégique en soi ?
« Ce n’est pas une question avec une réponse immédiate, mais c’est un débat nécessaire. Il faudra financer les villes intelligentes pour pouvoir offrir à nos concitoyens de meilleures conditions de vie, qui ne sont plus un luxe », a insisté M. Sekkouri.
Pour une société connectée et équilibrée
Le ministre a également souligné la convergence entre les transformations urbaines et les évolutions sociales. La ville intelligente, selon lui, ne se limite pas à l’usage de technologies de pointe. Elle doit être au service d’un nouvel équilibre entre vie privée et vie professionnelle, en réponse aux attentes d’une société marocaine en mutation.
Il a notamment évoqué l’impact potentiel du nouveau Code du travail, prévu avant la fin de l’année dans le cadre du dialogue social, qui devrait encadrer le travail à distance et le temps partiel. « Ce sont des instruments de la société moderne que nous voudrions présenter à notre population pour aider nos jeunes, et les moins jeunes aussi, à vivre différemment », a-t-il affirmé.
Deux transitions, une même exigence : agir à l’échelle
Le Maroc fait face simultanément à deux transitions majeures : énergétique et digitale. À cela s’ajoutent les aspirations de la jeunesse, en quête de sens, d’agilité et de perspectives. Pour le ministre, une réponse cohérente nécessite une action à l’échelle des politiques publiques, au-delà des initiatives associatives ou privées.
« Si vous prenez les deux [transitions] avec les aspirations de la société des générations les plus jeunes, forcément il va falloir agir à l’échelle, et pas seulement à l’échelle associative ou à l’échelle des entreprises », a-t-il plaidé.
Un appel à la décision publique
Younes Sekkouri a lancé un appel clair à l’action : inscrire la question des villes intelligentes dans l’agenda institutionnel et budgétaire du Royaume. Car au-delà du numérique, il s’agit bien d’un projet de société. Un projet qui engage l’avenir des territoires, des jeunes, et la capacité du pays à répondre aux exigences d’un développement équilibré, durable et équitable.
Rachid Mahmoudi